Il est crucial de distinguer solitude émotionnelle et solitude sociale
- Fédération liens sociaux
- 8 févr.
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Dans une étude récente publiée dans la revue Nature Mental Health , un groupe d’auteurs a évalué les limites d’un cadre de solitude unidimensionnel et a plaidé en faveur d’un modèle multidimensionnel pour améliorer la compréhension, les interventions et les stratégies de santé publique. Leur analyse révèle que la solitude n'est pas un phénomène unique, mais plutôt un ensemble d'expériences distinctes, avec des conséquences différentes sur la santé mentale et physique.
La multidimensionnalité de la solitude
La solitude n'est pas un concept unidimensionnel. On peut distinguer deux dimensions principales :
La solitude émotionnelle : Liée au manque de relations intimes et profondes, à l'absence de liens émotionnels significatifs.
La solitude sociale : Liée à un déficit dans les réseaux sociaux plus larges, à un sentiment de manque d'intégration sociale.
Cet article souligne que l'approche unidimensionnelle de la solitude "peut conduire à des interprétations imprécises des résultats et entraver les efforts d’intervention" et met en exergue des impacts différenciés à prendre en compte :
La solitude émotionnelle est plus fortement associée à la détresse émotionnelle, à la dépression, à l'anxiété, à l'inflammation chronique, à un système immunitaire affaibli et même à une mortalité prématurée. Des recherches montrent que la solitude émotionnelle déclenche des réponses de stress chroniques, augmentant l’inflammation et affaiblissant le système immunitaire, ce qui peut expliquer son lien plus fort avec la mortalité prématurée.
La solitude sociale est plus liée à un manque de soutien social et à une intégration sociale insuffisante, et elle a un impact moins direct sur les troubles psychologiques. Cependant, elle reste un indicateur de déconnexion sociale.
L'étude note que "la solitude émotionnelle semble être une typologie plus grave qui se chevauche largement avec la pathologie, tandis que la solitude sociale reflète davantage des déficits de connectivité sociale et de soutien social."
La solitude n'affecte pas tout le monde de la même manière et on observe les variations suivantes :
Les femmes ont tendance à signaler des niveaux plus élevés de solitude émotionnelle, tandis que les hommes signalent des niveaux plus élevés de solitude sociale, probablement en raison de normes sociales différentes concernant les relations.
La solitude émotionnelle est plus fréquente chez les jeunes adultes et les personnes âgées, tandis que la solitude sociale culmine à l'âge mûr avant de diminuer.
L'utilisation excessive des réseaux sociaux pourrait aggraver la solitude émotionnelle chez les jeunes.
Plusieurs autres études suggèrent que certains groupes sont plus à risque, comme les personnes âgées, les personnes atteintes de troubles de santé mentale, les personnes atteintes de troubles liés à l'usage de substances et les personnes en situation de précarité.
Implications cliniques et interventions
Les approches génériques échouent souvent car elles ne différencient pas la solitude émotionnelle et la solitude sociale. Les interventions doivent être adaptées au type de solitude :
La solitude émotionnelle nécessite des thérapies axées sur l'approfondissement des liens émotionnels, la restructuration cognitive, et les interventions basées sur l'attachement. Des groupes de soutien peuvent aussi être efficaces.
La solitude sociale peut être traitée par des programmes d'intégration sociale, l'engagement communautaire et des techniques d'activation comportementale. Il faut encourager la participation à des activités de groupe.
Les techniques d'activation comportementale sont utiles pour la solitude sociale mais pas pour La solitude émotionnelle.
Conclusion
La solitude est un problème de santé publique majeur qui nécessite une approche multidimensionnelle. La distinction entre la solitude émotionnelle et la solitude sociale est essentielle pour développer des interventions efficaces. Les deux types de solitude ont des impacts distincts sur la santé mentale et physique, et nécessitent donc des approches de traitement différentes. Les futures recherches devraient se concentrer sur la mise au point d'échelles de mesure validées psychométriquement qui permettent de distinguer clairement la solitude émotionnelle et la solitude sociale, afin de personnaliser les interventions et d'améliorer la santé publique.
Source : Walsh, B.E., Rottenberg, J. & Schlauch, R.C. Why loneliness requires a multidimensional approach: a critical narrative review. Nat. Mental Health 3, 175–184 (2025). https://doi.org/10.1038/s44220-024-00382-3

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