Une tribune pour inventer des villes qui rapprochent : l’urbanisme relationnel comme antidote
- Fédération liens sociaux

- 2 oct.
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En juin 2025, l’Organisation mondiale de la santé publiait son premier rapport consacré aux liens sociaux, établissant que l’isolement est devenu un enjeu de santé publique global, comparable en termes de risques à des facteurs tels que l’obésité ou le tabac. L’isolement social accroît de 26 % le risque de décès prématuré, dégrade la santé mentale, et fragilise l’ensemble du tissu collectif.
Face à cela, une évidence s’impose : l’espace bâti et l'environnement urbain ne sont pas neutres. Les sciences sociales et urbaines ont depuis longtemps montré que la configuration de nos quartiers influence la qualité des interactions, l’émergence de solidarités ou, au contraire, l’isolement. Plus récemment, les approches en santé urbaine ont démontré que l’urbanisme relationnel constitue une politique de prévention : l’aménagement urbain peut réduire l’isolement, soutenir la santé mentale et renforcer la résilience collective.
Lyon, laboratoire d’un urbanisme qui relie
C’est dans ce contexte qu’a émergé à Lyon une dynamique collective autour d’un « urbanisme relationnel ». La métropole lyonnaise a mis en avant des expériences de terrain qui démontrent comment le logement social, les tiers-lieux, les bibliothèques ou les cuisines collectives deviennent des infrastructures sociales aussi vitales que les routes ou les réseaux électriques. Ces initiatives rejoignent un corpus croissant de recherches qui plaident pour considérer les lieux de sociabilité comme des déterminants majeurs de la santé et du bien-être.
5 priorités pour changer la donne et 13 leviers pour une ville relationnelle
La tribune que nous avons signée appelle à reconnaître l’urbanisme relationnel comme levier national pour réduire la déconnexion sociale et promouvoir les liens sociaux.
Elle formule cinq priorités structurantes :
consacrer le logement comme droit fondamental et socle de dignité ;
intégrer la lutte contre l’isolement dans toutes les politiques urbaines et de l’habitat ;
investir massivement dans les lieux de vie collectifs ;
déployer à grande échelle les solutions déjà éprouvées localement ;
soutenir les écosystèmes territoriaux, creusets des réponses les plus humaines et durables
Afin de passer de l’intention à l’action, le collectif propose 13 recommandations opérationnelles : systématiser l’évaluation des espaces publics selon leur capacité à générer du lien, encourager la diversité sociale et générationnelle dans chaque quartier, valoriser les métiers du lien social, ou encore rendre obligatoire la présence de tiers-lieux dans les projets urbains.
Urbanisme relationnel : une politique de santé publique
Depuis des décennies, l’urbanisme est appréhendé comme un déterminant de santé. L’Organisation mondiale de la santé, à travers le mouvement des Villes-Santé lancé en 1986, a défendu l’idée d’un urbanisme favorable à la santé. L’enjeu n’est pas seulement de limiter les nuisances (pollution, bruit, densité), mais de créer des environnements qui favorisent activement le bien-être, la prévention et l’inclusion.
Cet urbanisme social ou relationnel s’appuie sur des disciplines désormais bien établies : la salutogenèse (orientation de la santé vers les ressources qui maintiennent le bien-être, développée par Aaron Antonovsky), les travaux de psychologie sociale et environnementale qui montrent l’impact du lien social sur la santé et le bien être.
Il ne s’agit donc pas seulement d’une vision politique ou d’un plaidoyer citoyen : il s’agit d’un changement de paradigme appuyé par des décennies de données probantes. Considérer l’urbanisme comme un déterminant de la santé, c’est refuser que nos villes produisent du vide relationnel, de la déconnexion et affirmer qu’elles peuvent au contraire devenir des écosystèmes qui protègent et relient.
(*) Signataires de la tribune
Nicolas Mer, DGA chez AATIKO.
Yohan Breuil, DGA chez ADEQUATION.
Bruno Bizot, Directeur du secteur Habitat et Inclusion chez ACOLEA.
Daniel Schoen, Co-président de l’Association Ville et Aménagement Durable.
Stéphanie Cagni, Co-gérante de l’Atelier Pop Corn.
Philippe Albanel, Président de Chez Daddy.
Valérie Morel, Présidente de Cap Habitat Coopératif.
Bastien Revenant, Chargé de développement chez Eiffage Immobilier Centre Est.
Arnaud Goulliart, Délégué général de la Fédération Française pour les Liens Sociaux.
Etienne Fabris, Directeur général du GIE La Ville Autrement.
Pierre-Luc Barbe, Directeur général d’Habitat et Humanisme Rhône.
Benjamin Pont, Directeur général d’Habitat et Partage.
Pascal Lefevre, Directeur général d’Habitat et Territoires Conseil.
Rémi Pascual, Président d’Habitee.
Benjamin Pradel, Codirecteur et sociologue d’Intermede.
Anne Muselli, Associée (entrepreneur salariée associée) de Kaléido’scop.
Myriam Poitau, Associée (entrepreneur salariée associée) de Kaléido’scop.
Joris Duquoc, Directeur régional Aura chez Linkcity.
Adeline Solvar, Fondatrice de Méti-Cité.
Madeline Malhaire, Co-gérante de Passagers des Villes.
David Meynard, Président de Récipro-Cité.
Philippe Linage, Président de Sollar – filiale 1001 Vies Habitat.

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